PORSPODER, Village à 30 km/h
Le 22 septembre 2025, la limitation de la vitesse en agglomération sera limitée à 30 km/h ou moins, par exemple dans les zones de rencontre. C’est plus de 70 % de la voirie communale qui sera concernée par cette nouvelle limitation de vitesse lui autorisant de rejoindre le club des villes estampillées « ville à 30 km/h ».
Des réflexions sont entamées depuis plusieurs années pour, ici comme ailleurs, sécuriser les déplacements, quel que soit le mode de locomotion mais en privilégiant les modes doux, la marche et le vélo, tout en étant attentif aux plus vulnérables, les enfants, les personnes âgées, les personnes à mobilité réduite.
Force est de constater que les réponses « catalogues » n’ont jamais été à la hauteur de la complexité du réel. Elles finissent toujours par décevoir. Les approches curatives et segmentées (hier dos d’âne, coussin berlinois, gendarme couché, aujourd’hui écluses, stops aux rond-point, quatre stops aux intersections…) tout comme les projets résultant de l’addition des plaintes individuelles (et souvent des solutions qui vont avec qui ne sont que celles à la mode du moment), ne soulagent que provisoirement. Elles contribuent dans la plupart des cas à ancrer dans le temps le sentiment d’insécurité au cœur d’un processus fatal nourri d’incompréhensions et d’insatisfactions qui altère le vivre ensemble.
Qui peut croire que si les solutions toute faites étaient opérantes, elles ne seraient pas tout de go mises en place ? Ce serait tellement plus simple mais ce n’est bien entendu pas le cas.
- Zone 30, un signal fort pour changer de comportements
Il convient dans un premier temps de rappeler les responsabilités des uns et des autres : chacun doit être maitre de son véhicule et respecter le code de la route pour que nous puissions espérer vivre dans des espaces partagés de manière pacifique. Il s’agit de favoriser le changement des comportements
La baisse de l’hécatombe routière entamée depuis les années 70 n’est pas le fruit du hasard mais d’une approche responsable des pouvoirs publics par la sensibilisation, la réglementation et la répression quand il le faut. Dans ce continuum réglementaire (décrets de 1990, loi LAURE de 1996, loi SRU de 2002, la démarche participative du code la rue en 2006, le décret de 2008 fixant les règles relatives aux zones 30 et instaurant les zones de rencontre, double sens cyclable…), l’abaissement de la vitesse constitue un axe essentiel tout comme l’émergence des aires piétonnes et des zones de rencontre. C’est une inversion du rapport de force qui s’opère entre le trafic motorisé et les autres usagers de la route. Le CEREMA rappelle ainsi qu’« En décembre 2019, la loi d’orientation des mobilités, élaborées à la suite des assises nationales de la mobilité, appuie la volonté de faire évoluer les mobilités et de développer les modes actifs (marche, vélo…), pour sortir de la dépendance automobile ».
- APAISER LA VITESSE, UNE OPPORTUNITE POUR REINVENTER L’ESPACE PUBLIC
Dans ce contexte, l’abaissement de la vitesse est un signal fort de mobilisation qui, pour être efficace, doit être couplé avec d’autres mesures en amont, en parallèle ou en aval de cette décision. C’est bien une réappropriation des espaces publics par les habitants qui pointe à l’horizon sous l’angle de l’attractivité de la commune, de la solidarité (personnes à mobilité réduite) et des enjeux de la transition énergétique et écologique (anticipation et intégration des problématiques mises à nues par le réchauffement climatique, gestion des eaux…).
Moins de vitesse, c’est plus de sécurité, une cohabitation renforcée, un cadre apaisé pour plus de bien-être et une vie locale renforcée.
- Un diagnostic et une étude réalisés
Un diagnostic et une étude ont été conduits sur l’ensemble du réseau viaire de la commune, pour jauger les vitesses adaptées aux configurations et à la nature des déplacements ainsi qu’à leur densité. Cette première approche a été doublée par la réalisation d’un zoom carrefour par carrefour pour déterminer la pertinence du corolaire de la généralisation de la vitesse à 30 km/h en agglomération : la priorité à droite.
Ce sont les considérations et les outils techniques du CEREMA qui ont été appliqués par le cabinet Art géo pour identifier les éléments d’un programme se traduisant par la pose et/ou dépose de panneaux, l’effacement des peintures signalétiques et si nécessaire les aménagements particuliers à prévoir en fonction des situations réelles constatées, en flux localisé dans des espaces géographiques déterminés sur lesquels ont été appliqués des cônes de vue qui révèlent l’appréhension de l’automobiliste dans ces lieux en fonction de la vitesse pratiquée.
- L’aval de la commission urbanisme/travaux et du groupe de travail citoyen sécurité
Les axes de ce travail ont été validés par la commission urbanisme travaux mobilité tout comme les résultats de cette étude qui ont fait l’objet d’une présentation au groupe de travail « sécurité » constitué de citoyens de la commune. Des évaluations seront pratiquées et des adaptations opérées en cas de besoin en fonction du critère de l’amélioration de la sécurité routière mais aussi du renforcement des liens sociaux comme le respect, l’accès aux commerces de proximité et la qualité de vie.
- Une première étape en vue de la réappropriation de l’espace public
Généraliser la zone 30 aux espaces agglomérés de la commune, y compris à Melon, c’est apporter de la cohérence dans le régime des vitesses mais aussi afficher la volonté de faire évoluer l’espace public vers un meilleur partage, qui ne lèse personne et qui favorise une meilleure qualité de vie. Pour le dire autrement, ce choix constitue une première étape d’un projet plus global à co-construire avec les citoyens dans le temps.
En parallèle, un schéma vélo communal a été adopté. Il se déploie année après année par l’implantation de structures sur l’espace public, la création de circuits de randonnées valorisant le patrimoine communal, l’apprentissage du vélo à l’école…L’EHPAD a également investi dans des tricycles qui font la joie des résidents et une réflexion est engagée pour investir dans un abri vélo destiné -mais pas seulement- au garage des vélos des agents de l’EPHAD qui usent de ce moyen économe pour leurs déplacements domicile-travail. Les nombreux chemins communaux représentent également pour les piétons autant d’alternatives de cheminement apaisé à la RD 27 qui sépare la commune en deux.
Une déambulation ouverte aux citoyens inscrits au préalable en mairie a été organisée le 8 juillet au départ de la mairie jusqu’à l’entrée sud du bourg en provenance de Melon. Encadrée par l’équipe du CAUE, cette marche a permis de révéler les usages de la RD27 en fonction du vécu des uns et des autres. Le CAUE restituera un compte-rendu de cette déambulation fin septembre, début octobre.
- Une lecture de l’espace public par les usages notamment de la RD27
Dans sa configuration actuelle, La RD 27 constitue en effet le point de circulation routière le plus problématique sur de nombreux aspects comme le sentiment d’insécurité lié pour partie aux vitesses excessives, à la nécessité de traversée, aux aménagements mal conçus ou inexistants notamment pour permettre la pratique des modes actifs et la circulation des personnes à mobilité réduite mais aussi par rapport à des notions de qualité de vie comme le bruit, les points de vue à valoriser dans un patrimoine architectural et paysagé remarquable, les séquences paysagères, l’absence de végétation, la déminéralisation nécessaire, autant de notions qui font émerger la nécessité d’une approche collective pour appréhender un espace public dans l’ensemble de ses paramètres. Cette lecture de l’espace public est là aussi une première étape pour mieux le qualifier à partir de ses richesses et de ses inconvénients constatés.
Une méthode est donc définie pour avancer collectivement à la définition d’un programme consensuel mais ambitieux.
La réduction de la vitesse ne concerne pas uniquement l’agglomération. Sur la RD27, il est ainsi demandé à l’ATD d’abaisser la vitesse de 70 km/h à 50 km/h entre le bourg et Melon. Cette action est d’ailleurs demandée par la Région Bretagne au droit des abribus afin de sécuriser les montées et descentes des usagers des bus relevant de sa compétence. D’autres collectivités ou établissement public comme la CCPI pour les réseaux, ou syndicats comme le SDEF pour l’éclairage public, sont donc à associer. L’envoi d’un signal fort comme expression d’une volonté politique affirmée prend là aussi tout son sens.
Pour aller plus loin :
- Association de prévention routière
https://www.preventionroutiere.asso.fr/les-zones-30-pour-la-securite-de-tous/
- CEREMA
Ville 30, enjeux et bénéfices
https://www.cerema.fr/fr/actualites/ville-30-enjeux-benefices
Priorité à droite
Aménager des rues apaisées